L’art du collage, comme son nom l’indique, consiste à marier
en les collant sur un support différentes matières premières, issues de
différentes sources. A mi chemin entre la peinture et la sculpture, le collage
permet de jouer aussi bien avec les matières, les formes ou les volumes et
offre la liberté de sortir de l’aplat du dessin.
Historiquement, le premier collage fut réalisé par Pablo
Picasso en 1912. Il s’agit de La
Nature morte à la chaise cannée, dont je vous propose une
petite analyse ci-dessous (source : Wikipédia)
Cette œuvre (...) est
également appelée : « Verre, pipe, citron, couteau, coquille
saint-jacques».
Le trompe-l'oeil est ici utilisé de manière plus révolutionnaire que lors des
expériences antérieures. Picasso exécuta cette toile en se souvenant de
l’habitude qu’avait son père d’attacher à sa toile des morceaux
d’autres peintures afin de susciter des idées ou des effets nouveaux.
Il réalise une nature morte qu’il situe dans un café, et composée d’un
citron, d’un verre, d’une huître, d’un journal et d’une pipe, puis il
applique un bout de toile cirée à motif de cannage, destiné à évoquer
de manière insolite la présence d’une chaise.
Cette composition est le résultat de diverses techniques. Le citron et
le verre, à droite sont traités « analytiquement », tandis qu’à gauche,
le tuyau de la pipe est rendu de manière réaliste et il est placé comme
s’il surgissait à travers les lettres « JOU » de journal. Le morceau de
toile cirée collé sur le support est en partie recouvert par des ombres
ou des stries de couleur de sorte que la partie inférieure donne
l’impression d’être sur un plan différent. Une simple corde de marin
sert de cadre au tableau. Le relief de cette corde torsadée reproduit
le galon d’une nappe visible sur des photographies de l’atelier de
Picasso.
Picasso transgressait ainsi les canons de l’esthétique traditionnelle
qui imposait l’homogénéité des matériaux dans les œuvres picturales.
Cela revenait à introduire dans l’œuvre d’art des fragments hétérogènes
de la réalité sensible. Ainsi, le peintre devenait-il capable
simultanément d’illustrer et de détruire l’illusion spatiale qui
conditionnait toute la peinture. En introduisant l’élément « ready-made»
(tout fait), en l’occurrence le cannage de la chaise, vrai seulement en
apparence, il inventait une nouvelle manière de représenter la réalité.
Les lettres du journal n’étaient pas destinées à l’information, mais à
l’esthétique et au symbole. Les objets peints à coté, qui n’imitaient
rien du tout, prenaient l’aspect le plus vrai de la peinture. Picasso
se servait de l’illusion picturale dans le but précis d’en dénoncer la
fausseté, ou du moins l’ambiguïté, et par conséquent de la détruire.
Les dadaïstes et les surréalistes y ont trouvé un mode d’expression
idéal et ont exploré très largement l’art du collage et ses multiples
possibilités.
Raoul Hausmann, ABCD, 1923-1924
Hannah Höch. Da Dandy, 1919
Max Ernst. Le Rossignol chinois, 1920
Kurt Schwitters. Untitled (collage sur un miroir), 1920-1922
Le collage est depuis un art très large, certains
collagistes optant pour les simples bouts de papiers (figuratifs ou non), d’autres
mariant aux grès de leurs envies peinture et collage, modelage et collage ou
encore matières naturelles et papier.
De même, le collage offre un large spectre de styles et de
courants, permettant de travailler les matières ou les couleurs.
Collage, art de la liberté, de la démesure et de l’imaginaire.
Jonathan Talbot. Art Machine